ROCHEFORT


Histoire

patrimoine   
le marbre de Saint-Remy

Classée comme site (16/10/1975)
La carrière est comprise depuis 1996 dans la réserve d'Ardenne et Gaume (19 ha), créée en 1964 et propriété de l'Abbaye.

"La base de ce récif corallien date du Givétien. Elle est composée de calcaires gris bleu qui sont utilisés comme matériau de construction. Le niveau inférieur est formé par des schistes du Frasnien riches en polypiers. Ils sont suivis de polypiers noyés dans une pâte détritique de couleur rouge foncé qui diminue d'intensité au fur et à mesure qu'on remonte dans l'échelle de la formation. La couleur rouge qui imprègne les calcaires est due à de la limonite. Il existe parfois des bancs gris-bleu dont la teinte provient de la présence de charbon et de pyrite finement divisée. Le niveau moyen est de couleur rose avec plages spathiques. On y trouve également des polypiers, mais aussi des céphalopodes et des brachiopodes. Il devient gris-bleu dans sa partie supérieure. Le niveau supérieur montre des calcaires roses puis des calcaires rouges foncé. L'ensemble du dôme ainsi formé est recouvert de schistes.
La carrière a fourni pendant des siècles diverses variétés de "marbres" : le Bleu Saint-Remy, le Royal (de couleur rouge avec fleurs grises), le Rouge Saint-Remy Griotte (rouge avec taches blanches). Ces "marbres" sont en réalité des calcaires sédimentaires, et non de vrais marbres qui sont des roches métamorphiques"

( Inventaire des Sites de Grand Intérêt Biologique)

 



Au 18eme siècle, le marbre débité  était traité aussi par les scieries de Solre-Saint-Géry 
"Ils en tirent aussy une partie de la carrière appartenant à l'abbaye de Saint Rémy, scituée au duchez de Luxembourg; ce marbre est très estimé et recherché, mais avant qu'il puisse parvenir brut en blocqs aux dittes scieries de Solre-Saint-Géry, il revient tant pour droit de sortie du Luxembourg, le passage sur le comté de Namur, traversant le pays de Liége, et de la France, à cinq sols de Brabant par pied cube".


Kirckx et Quetelet ont visité la carriere de Saint-Remy en 1822(*) ,
" d'où l'on tire ce beau marbre rouge veiné de blanc, de vert et de bleu, qui est un des plus beau d' Europe. La carrière s'éleve  à 65  mètre au-dessus du niveau de la petite rivière de l'Omme, et à 271 au-dessus du niveau de la mer. Malheureusement, disent les voyageurs, les moyens de transports sont  trop difficiles et la carrière parait entièrement abandonnées.
( Bulletins des annonces... Paris, 1823)


"La carrière
s'élève à 65 mètres au-dessus du niveau de l'Homme et
à 271  mètres au-dessus de la mer. Malheureusement les
moyens de transport sont trop difficiles et la carrière paraît
être entièrement abandonnée. Nous eûmes la curiosité de
la voir : il fallut monter pendant long-temps et nous parvînmes
enfin à un chemin couvert de ronces que nous jugeâmes
être la principale entrée. Nous eûmes beaucoup de
peine à avancer, et bientôt l'eau nous empêcha de pénétrer
plus avant : l'exploitation avait eu lieu en plein air, les murs
d'une hauteur considérable descendent perpendiculairement
dans les eaux qui croupissent à leur pied. Pour faciliter l'écoulement
de ces eaux , on a pratiqué plusieurs rigoles dans
les flancs de la montagne, mais à ce qu'il paraît, sans aucun
succès : il fallut donc pour voir la carrière , gravir péniblement
une partie de la roche et se glisser au milieu des arbustes
et des ronces qui la couvrent; bientôt notre œil put
plonger sans obstacle dans l'intérieur de cet abîme, dont
l'aspect est vraiment effrayant. Nous ne pûmes nous empêcher
de regretter l'état d'abandon où se trouve la carrière,
en considérant la beauté du marbre et l'épaisseur des bancs.
Cette montagne renferme ainsi que celles de Rochefort, de
la galène, du fer sulfuré et hydraté dont on a commencé
l'extraction , mais qui est abandonnée aujourd'hui à cause
de la difficulté du transport et de l'éloignement des usines"


(*)J. KICKX & A. QUETELET, Relation d’un voyage fait à la grotte de Han au mois d’août 1822, in Nouveaux mémoires de l’Académie Royale des Sciences et Belles Lettre de Bruxelles, t.2 (1822), pp.315-362 .



le "saint-Remy" a été utilisé en sculpture, décoration...
quelque exemple: Une Sainte-Anne (35cm) en marbre Saint-Remy du XVIIIème,
Console sommé d'un marbre veiné Saint-Remy (XVIIIème), tablette de bahut, cheminée
"Cette dernière est tout à fait caractéristique de cette époque, découpée et galbée avec coquilles centrale et  angulaires, large de 1 m 80 et haute de 1 m 22, en marbre probablement de Saint-Remy (…). Quant au parquet du  salon, il est solidement fait de vingt-trois planches
d’une seule venue, de 5 m 25 sur 26 cm."

(1766, cure Saint-Jean-Baptiste, Tournai in Bulletin Pasquier Grenier n° 26,1988)

Le nouvel autel de l'église  de Echt (Pays-Bas) consacré le 6 juin 1854  par l'éveque de Ruremonde " fait en pierre de Rochefort"

"Le 6 juin, Mgr l'évèque de Riiremoude a consacré le nouveau maître-autel dans l'église d'Echt. Celle église, d'architecture gothique, vient d'être restaurée en partie; elle est, sans contredit, un des plus beaux monuments de la province. Le nouvel autel, fait en pierres de Rochefort, et dans le style ogival fleuri, est d'une conception aussi riche et brillante qu'heureuse, il est dit au crayon de l'habile architecte , M. Kuypers et au ciseau de M. Georges"

( Journal historique et littéraire Tome xxi)


"Une belle statue en pierre de Rochefort représentant la Vierge conçue sans tache, a été élevée près de l'église de Beveren, au pays de Waes... cette statue à trois mètres de hauteur. "
(inaugurée le dimanche 16 mai 1858)


Six statues de pierre de Rochefort décorent le grand vestibule d'entrée  du  Sénat


Le "saint-Remy" fut encore utilisé lors de la restauration du monument de la source La Géronstère à Spas  par les marbriers Lejuste en 1975.

 

 

L'Entre-Sambre-et-Meuse compte de nombreuses carrières: Agimont, Franchimont (griotte, gris, royal), Froidchapelle (marbre rouge, dit de Rance), Gochenée ( gris des Ardennes et griotte), Merlemopnt, Neuville (griotte et royal), Ingremez, Soulmes(gris des Ardennes), Vodelée.

A Namur:
 "Le maître-autel provient de l’ancienne église. La base, en marbre, est surmontée d’un couronnement en bois peint, œuvre de style Louise XV, due à Denis-Georges Bayar. La clôture du choeur, en marbre noir (?)de Saint Rémy "
("L'Eglise Notre-Dame à Namur" de Franz VAN PETEGHEM -
Namur 1988, cité par Les aventures du verre  )

A Liège:
"
Le Théâtre royal a été construit par l’architecte DUKERS de 1818 à 1822 sur l’emplacement de l’ancien couvent des dominicains.

Les colonnes du premier étage de la façade proviennent de l’ancienne église des chartreux à Cornillon ; elles sont en marbre de Saint-Remy."
(cité par Fabrice Muller)
"...
Les colonnes qui décorent la façade sont en marbre de Saint-Remy..."
(Van der Maelen, 1831)


Un "marbre de Saint-Remy" existe aussi en France, blanc, jaune et rouge,  à Aigualière  (Bouche du Rhône)


"M. D. Marchal a exposé le marbre provenant de ses carrières de Saint-Hubert, à Rochefort (duché de Luxembourg). Ce marbre est une variété de celui qu'on nomme rouge royal; il est comme lui rouge, blanc et grisâtre. Ses parties blanches ont une structure concré- tionnée et elles résultent d'infiltrations de chaux carbo- natée. Il peut s'exploiter en blocs de très-grandes dimensions. Dn bénitier sculpté fait avec ce marbre avait été exposé dans le Palais. Une table, dans le style Louis XIV, était en outre exposée dans l'Annexe ; cette table, qui est fort belle et qui a 3 mètres de longueur, a été achetée par S. A. I. le prince Napoléon."
Exposition universelle de 1855





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