ROCHEFORT

Cartes et plans
Le Chemin neuf
"...Ce traité avoit pour objet d'ouvrir un chemin par Sedan, lequel procure maintenant une communication libre avec la Hollande sans être obligé de pafler sur les terres de l'empire où les marchandifes françoifes, non seulement payoient des droits confidérables , mais encore où elles effuyoient plufieurs vifites qui leur occafionnoient souvent des retards et fréquemment auffi de très grands dommages. "
 
(Pais de Liège, Dechamp, 1867)
détail,  Carte de la terre d'Argimont, par Philippe Franqué, arpenteur, 1738,(Paris, Archives nationales),
Rochefort et Behogne (Pays de Liège)
 Watelet, Marcel, Paysages de Frontières, Patrimoine cartographique de wallonie, 1, paris, Lannoo, 1992, page 49
"Du bois d'Haversin sur Buissonville et Navaugle, au lieu de continuer le grand chemein vers l' abbaye, qui va droit à Rochefort, pour éviter de passer devant le porche de ladite abbaye, à cause de la seignerie foncière de barre, mairie de Marche,  ... il vient passer contre le grand étang, qui est au bout du village de Behogne, coté Dinant, traverse ledit village, remonte sur un endroit nommé la Cherotte, en droiture sur la chapelle de Notre-Dame de Lorette, qui est sur le haut, laissant à droite la ville de Rochefort , pour éviter quelques maisons, à l'issue de la porte haute de la ville, lesquelles doivent être de la seignerie de  Hamerenne, dépendance de Han-sur-Lesse, terre de Luxembourg.De ladite chapelle, il tourne  un peu à gauche, pour éviter encore la juridiction de Hamerenne, jusque sur une montagne ou hauteur, où l'on voit un signe patibulaire..."
(Carte du Chemin Neuf, 1738, André Vanrie, Cahier de Saint-Hubert, Tome VIII )
Remarquons la "déviation" du Chemin neuf, pour éviter les terres  luxembourgoises: l'enclave de Hamerenne et  les terres à l'est de Saint-Remy.
Bel exemple de la complexité des terres enclavées et du probleme posé pour la circulation dans la première moitié du XVIIIe siècle.
détail du plan de 1738
Au nord, l'abbaye St-Remy, avec le chemin qui traverse la frontiere luxembourgeoise, le grand étang,au centre l'église de Behogne ( qui est mal située sur la rive droite de la Lomme), la chapelle de Lorette, à droite de la ville.
" Sa Majesté marchera en corps d'armée droit à Mezieres, et puis prendra son chemin par Clinchamp, Orchimont, Beaureing, Offais, Lompré, Rochefort, Marche, Saint Hubert, La Roche ..." (Mémoires Duc de Sully, 1607)



Rochefort se trouvait au croisement de deux voies de communication importantes: le Chemin de Givet à Marche, et le Chemin Neuf, de Sedan à Liège. Tracé vers 1665, par le comte de Broglie(1), le Chemin Neuf évitait les terres des Pays-Bas espagnol, plus précisément le bureau espagnol de Porcheresse et de Tellin.
 Ce chemin fut emprunté en 1665 par un corps d'armée envoyé par Louis XIV au secours des ses alliés hollandais.

 Il remplacait "le vieux et droit chemin de Liege à Sedan" par Porcheresse et Ave, et "l'ancien et véritable chemin de Bouillon à Liège" par  Paliseul et Tellin, chemin que du emprunter la châsse de saint Lambert  en 1141, de Liège par le Condroz et l'Ardenne, à Bouillon.


Carte de la principauté de Liège ( vers 1745)
avec "l'ancien et véritable chemin de Bouillon à Liège" par  Tellin;
le "chemin neuf" par "Waurelle"




(1) Georges de Guiscard, comte de Bourlie, commandant pour le Roi à Sedan, était chargé d'établir le chemin de Sedan à Liège.
Le 2 septembre 1741, le Maréchal de Maillebois établit son camp à Rochefort, venant de Sedan en route vers Liège, par la route du Chemin Neuf.
"Comme il étoit queftion , Monseigneur, de faire pafler l'Armée qui étoit campée à Sedan , par la route du chemin , neuf, je lui ai indiqué tous les endroits par où il falloit pafler ; lui ai remis des mémoires concernant tout ce qui s'étoit  pafle pour l'établiflement de cette route
."

 "notre armée l'a suivie pour aller à Rochefort, Pays de Liège, de sorte que voilà la liberté du chemin neuf rétablie"
 ( lettre de Mr. Charlet au Marquis de Breteuil, le 5 septembre 1741).

1 mars 1749, à Paris. — Arrêt du conseil de Son Altesse défendant à tous marchands et négociants du duché, qui conduiront des marchandises à Liège, dans la basse Allemagne, en Hollande, ou qui en ramèneront de ces provinces dans ledit duché, même dans le royaume de France, de prendre une autre route que par le bois de Luchy, Recogne, Libramont, la Basse-Bras, le bourg de Saint-Hubert et autres terres dudit duché, jusqu'à l'entrée de celles de Rochefort, sous peine de 200 livres d'amende.
Registre aux ordonnances du duché de Bouillon, 17S8-1749, fol. 190 v.


5 décembre 1742, à Luxembonrg. —Décret du conseil de Luxembourg ordonnant d'arracher les poteaux que l'abbé de Saint-Hubert avait fait placer sur différentes branches de chemins des terres de Saint-Hubert, de Nassognc et de Mirwart , avec la prétention de rendre ainsi ces chemins indépendants de la province de Luxembourg, et annulant une ordonnance que ledit abbé avait rendue, dans le même but, pour la route dite le Chemin neuf, allant de Sedan à Liége.

Le Maréchal de Saxe, de Bruxelles, écrit le 25 mars 1748 pour le Maréchal de Lowendal:
"Route  que tiendra le détachement* partant de Givet:
1er. avril à Rochefort
2 . . à Marche-en-Famine.
3 ... à Roumont ou Giveroy. Séjour le 4
5 ... à Homfalise.
6 ... à Salme…"
  Quoique la route ci-dessus soit indiquée de Givet à Marche-en-Famine par Rochefort, cependant, comme l'objet est d'arriver le deuxième jour audit Marche-en-Famine , si M. de Montbarey trouvoit une route plus courte et plus commode pour ses troupes pour s'y rendre, il lui seroit libre de la prendre. M. de Montbarey 'saura. , qu'indépendamment de la division qu'il commande , il y en a cinq autres qui doivent déboucher le même jour, premier avril, de Longwy, Môntmédi , Carignan , Sedan et Namur. Ces cinq divisions marcheront également }usqu'à Verviers ou Limbourg "
* cinquieme  division  (de cinq bataillons et 4 escadrons) de l'armée du Roi,

Le duché de Luxembourg, Alexis-Hubert Laillot, géographe du Roy, 1781
Le Chemin neuf en 1781
"..L'Abbé* qui était impatient de le voit fortit de chez lui, lui fournit volontiers un carofle pour le conduite à Saint-Hubert, Ville de l'Evêché de Liége dans le Luxembourg. M. Nicole y étant arrivé prit une charrette , faute d'autre voiture , qui le conduilït à Liége. Ce ne fut pas fans beaucoup de peine ; car le chemin étoit peu pratiqué ; & il lui arriva plu ; d'une fois de ne pas trouver du pain fufritarnment pour lui & pour fon valet, & de manquer de lits dans cette route. Il lui fallut aufli pafler quelques bois allez dangereux. Il eut trois jours en route depuis Saint-Hubert. "
Voyage de Mr Nicole à Liège, 1679
* l'Abbé d'Orval
** Pierre Nicole, né à Chartres en 1625, moraliste et écrivains de Port-Royal, se réfugia àBruxelles, orval, Liège en 1679


Un service de "voitures et coches*" de Liège à Sedan avait été concédé le 13 juin 1678, interromptu durant la guerre, il reprit en aout 1714.
 Apres une interruption de plusieurs années, le service est repris en mai 1737 ( de Yvoz à Sedan, en raison du danger du passage de la Meuse et du mauvais état des chemins aux adords de Liège), avec un départ par semaine.
le voyage de Liège à Sedan prennait trois jours en 1748: "...
She leaves Liege on the 25th May,—travels along the mountains of Ardennes, during the course of three days, and arrived at Sedan on 27th May, " (1769, case on appeal from Scotland)

La première diligence de Liège sur Paris a été  concédée à J.-B. Renoz et à J.-J. Putot, par octroi du 5 mai 1783, pour un terme de 25 ans. Il y avait un départ chaque semaine ; chaque voyageur payait, y compris 25 livres de bagages. 16 sous de France par lieue, pour aller de Liège à Mézières et
de Mézières à Liége.
 En 1838, le "temps de route" de Liège à Marche était de 7 heures,
** coche = voiture publique, voiture = carosse
De Sedan à Liège, par Bouillon, Tellin, (...Rochefort?)... Marche,  16 postes, 32 lieues (  Perrot, 1827)


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