"Se profilant sur un promontoire rocheux, les ruines du château comtal se résument à des vestiges de fortifications et de murs qui contrastent avec l'imposante construction illustrées par l'iconographie ancienne. Le château comtal de Rochefort a été le plus grand château de Famenne...
Dans le bas château, un puits à maçonnerie soignée à été sondé et decomblé à partir de 1996. D'une profondeur de 60 m, ce puits  présentait une maçonnerie jusqu'au niveau 176; plus bas, la partie endommagée a été remaçonnée.
Vous aurez accès à ce puits, ainsi qu'à une  grotte à quelques 60 m de profondeur. Le matériel nécessaire sera distribué aux plus sportif." (1, en septembre  2000)

Une phrase, dans la présentation des travaux de déblaiement du puits du château de Rochefort par le Spéléo-club local, aura surpris plus d'un rochefortois. Le puits est donc accessible et "on" y a trouvé une grotte! la fameuse grotte, le souterrain qui permettrait de gagner quelques cavernes inconnues, ou, bien connues. D'aucuns se voyaient déjà ressortir du Trou Moulin ou du Saint-Sépulchre de Lorette. Il devait bien exister ce passage, ce Styx  qui rendait le seigneur du lieu invulnérable. Il devait exister... depuis le temps qu'on en parle!

A. Vasse évoque déjà en 1846 ce puits mystérieux:
"Ce qui frappera surtout, c'est un puits admirablement fait et d'une immense profondeur, dont l'existence était ignorée. On se perd en conjectures sur ce puits mystérieux, entièrement comblé, et dont on doit la découverte à M. Collignon* , qui l'a fait vider à une profondeur de 240 pieds. L'eau qui est survenue a empêché la continuation des travaux, que M. Collignon se propose de reprendre dans les grandes sécheresses. On a trouvé différents objets dans ce puits, où sont deux étages de galeries, dont on ignore, l'issue et l 'objet." (11, 1846).

E. Rahir, qui visita** les ruines avant 1933, note: " La visite des ruines du vieux château est intéressante. Le guide  qui vous accompagnera vous montrera de là-haut plusieurs jolis points de vue donnant sur la ville. Il vous conduira ensuite devant un puits profond d'environ 80 mètres et qui est creusé en plein roc. Outre les différents objets qui en furent retirés, on y découvrit deux étages de galeries dont la longueur, l'issue et le but sont toujours restés inconnus. ".

A. Van Iterson (9,1959) écrivait, en parlant de Justin Collignon:  "Il  fit aussi vider un ancien puits d'une cinquantaine de mètres de profondeur dont on ne sait s'il était creusé pour avoir de l'eau  ou pour permettre, en cas de siège, une fuite par des souterrains auxquels il doit communiquer".

R. Delbrock (24, 1970) publie le premier (?) plan connu du puits du château, plan levé en 1962: "Puits creusé vraisemblablement au XIIe siècle, qui rencontre des galeries naturelles à une profondeur de 47 m, et d'environ 55 m."

Le puits avait encore une autre rumeur, à défaut de trésor, c'était un ou plusieurs cadavres que devaient retrouver les spéléologues. Un soldat allemand y aurait été précipité. Pour  Dominique François(6, 1944), ce serait une victime des jugements sommaires et exécutions clandestines des premiers jours de la libération. Elle écrit
 "...Eux jurèrent l'avoir tuée d'un coup de revolver avant de la jeter dans le puits. La rivière, à cette époque, grondait sourdement au fond du gouffre..."(***).

A. Fourneau (57, 2002) lance une autre piste, dans ses pages consacrées à la première Guerre mondiale dans son histoire de l' abbaye
 " La rumeur fait même resurgir une vieille légende qui prétend qu'un souterrain relie le monastère au chateau ".

En 2002, la fouille du puits menée par les spéleos, à l'initiative de Jean-Luc Nandancé, est pratiquement terminée(1), point de cadavre, ni de trésor, reste à explorer une des amorces de grottes.

N.d.E.:
* Justin Collignon (1801-1872), Notaire, propriétaire du château de 1830 à 1849, bourgmestre de la ville de 1836 à 1863

** dans les premières décennies du siècle, le château est la propriété de Emile Cousin, qui est peut-être le guide dont parle E.Rahir. Il est étonnant que Rahir parle de "visite" et de "guide" pour cette période.

D. François écrit cependant " Ah! si des étrangers montaient la rampe, je sauterais du mur en surplomb et les offrirais de visiter le jardin et les ruines. Je connais assez bien l'histoire du château. A quelques années près !".

Aucun élément ne permet de confirmer ni de dater  exactement la visite de Rahir à Rochefort. A propos de l' abbaye Saint-Remy, il écrit "Depuis plus de trente ans le monastère, réoccupé par des trappistes...". Ce texte est postérieur à 1917.

*** lors des inondations du début de l'année 2001, l'eau envahissait à "gros bouillons" le fond du puits.